La distanciation du chirurgien : couvrez ce malade que je ne saurai voir ! - 13/12/18
Surgeon's distancing: Cover up that patient, which I can’t endure to look on
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Résumé |
Le chirurgien occupe une place ambivalente à l’égard de son patient. Transgressant l’intégrité corporelle du malade, l’acte chirurgical franchit la barrière cutanée pour pénétrer à l’intérieur du corps et en modifier la disposition anatomique. Pour se préserver de la violente réalité de son geste, le chirurgien met en place un dispositif lui permettant de se mettre à distance de son malade afin de pouvoir déployer son geste technique. Si la disposition de champs opératoires stériles répond aux règles d’asepsie de rigueur, elle permet également de couvrir la totalité du corps du patient qui n’apparaît alors plus qu’au travers d’un carré de peau. Les champs ainsi disposés dessinent un cadre qui, par sa fonction transitionnelle, permet de faire basculer le chirurgien vers un espace confiné et bien délimité occupé par le dedans du corps. Assez éloigné de son malade, le chirurgien peut alors déployer un procédé opératoire où règnent la technique et la compétence. Le risque que fait courir ce dispositif est de perdre de vue le malade et de focaliser la conscience du chirurgien sur le seul aspect technique de son métier. Si le temps opératoire nécessite une mise à distance maximale de l’opéré par rapport à l’opérateur, le temps clinique semble nécessiter une proximité qui autorise un échange et fonde une rencontre proprement humaine. Il semble dès lors nécessaire de développer une éthique de la distanciation qui questionne sans cesse le positionnement du chirurgien à l’égard de son malade afin de tendre à adopter la distance la plus juste possible.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Summary |
The surgeon stands at an ambivalent place towards his patient. Transgressing the bodily integrity of the patient, the surgical act crosses the skin barrier to penetrate inside the body and modify its anatomy. To protect themselves from the violent reality of their gesture, surgeons set up an apparatus which allows them to keep away from their patients in order to be capable of unfolding technical actions. If the arrangement of sterile surgical drapes meets the current rules of asepsis, it also allows covering the whole of the patient's body, which will appear only through a square of skin. Thus prepared drapes draw a frame which, due to its transitional function, enables the surgeon to switch to a well-defined and confined space occupied by the inside of the body. Enough away from his patient, the surgeon can then unfold a surgical process, realm of technology and skills. The risk conveyed by this apparatus is to lose sight of the patient and to focus the consciousness on the mere technical aspects of professional commitment. If the operating time requires a maximum distance between the patient and the surgeon, the clinical time seems to require a proximity which authorizes an interchange and establishes a very human encounter. It seems therefore necessary to develop an ethic of the distancing that constantly challenges the positioning of the surgeon with respect to his patient, in order to tend to adopt the most accurate distance.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Relation chirurgien–malade, Distanciation, Éthique de la chirurgie
Keywords : Surgeon–patient relationship, Distancing, Surgical ethics
Plan
Vol 15 - N° 4
P. 252-256 - décembre 2018 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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